A la recherche d’une écharpe homme, dans le monde de Tiraz. Un monde qui regorge d’écharpes homme, dans des styles très différents. Voici quelques photos d’écharpes en soie, ou en laine et soie, tissées à Varanasi (Bénarès).
Varanasi, dans l’état de l’Uttar Pradesh, au nord de l’Inde, est une des quatres villes saintes de l’Inde, bordée par le Gange. La ville, autrefois appelée par son nom religieux Kasi, est sans doute la plus ancienne ville habitée du monde. Depuis plus de deux mille ans, Varanasi était réputée pour ses fines mousselines de coton et les Moghuls lui ont donné l’excellence dans le tissage des brocards en soie, avec l’utilisation du fil d’o ou d’argent, appelé zari, enroulé autour d’un fil de soie.
Si les ghatts sont réservés aux rituels hindous, aux crémations, la vieille ville aux étroites ruelles abrite les ateliers des tisserands, qui sont musulmans, dont une communauté de tisserands soufis. Le souvenir du poète tisserand Kabir est présent. Les deux principaux centres de tissages, Madanpura et Alaipura, simplement éloignés de quelques kilomètres, ont leurs styles, leurs motifs respectifs.
Le travail de Madanpura est traditionnel, avec des motifs et des nuances de couleurs très sophistiquées. Les tissages sont réalisés sur des matières légères et transparentes. Ce sont en particulier des saris en coton fins, jamdani, organza, tissue. Les motifs peuvent être ceux de la mangue verte stylisée (motif appelé kairi konya) et le motif circulaire au centre, la lune (motif chand). Le fond du textile est soit en forme de jhalli (grillage) avec des losanges, des diagonales, ou des motifs floraux, fleurs ou petits bourgeons appelés bhuttis. La matière très légère et transparente associée à une technique de tissage très fine donne une impression de réversibilité dans le tissage, sur les deux faces. Les turbans de la cour des empereurs Moghuls et des autres Maharajas et Princes de l’Inde étaient tissés à Varanasi.
Le style de tissage Jamdani a été introduit par les Nawabs (Princes) de l’Oudh à la fin du 18 è siècle. C’est un textile très fin et délicat, au processus de tissage complexe, où le motif est intriqué dans le tissage, dans le même matériau que la base, ce qui rend par exemple du motif blanc sur du blanc, à peine discernable sauf s’il est vu de près. Du fil d’or et d’argent peut aussi être utilisé dans le Jamdani.
Le travail à Alaipura est différent, plus novateur parfois. Là se produisent les brocards lourds, destinées à l’ameublement. Ils utilisent les techniques de brocards des autres régions et se prêtent aux nouvelles expériences. C’est ainsi que le brocard de Varanasi a survécu malgré les changements de mode et la réduction de la demande en motifs traditionnels. Les tisserands d’Alaipura ont même réussi à maintenir des techniques disparues des autres régions.
La Compagnie des Indes (East India Company) arriva à Varanasi en 1764 et prit en main l’administration.Varanasi devint le refuge des riches marchands et des familles nobles qui fuyaient les troubles de la période post-moghule dans le nord de l’Inde. C’est sous leur patronage que prospéra le Brocard de Banaras (Varanasi).
La célèbre technique du Kinkhab (terme persan) est le tissage d’une soie rude, appelée mukta, suffisamment épaisse pour supporter d’être tissée avec du fil d’or et d’argent, cette technique de tissage était pratiquée également e d’autres lieux. Ahmedabad, Surat, Paithan, Aurangabad. Le kinkhab était utilisé pour l’ameublement, localement, mais il était aussi exporté vers l’Europe.
Les brocards et zaris tissés dans des matières plus légères et moins lourdement ornées sont connues sous le nom de pot-than ou bafta. Les brocards sans aucun fil de métal sont appelés amaru.
Le brocard de Varanasi révèle les sensibilités esthétiques de l’artisan. Un brocard de Varanasi se reconnaît aux bonnes combinaisons de couleurs, à l’utilisation du fil zari or et argent, à la disposition adéquate des bordures et du fond des bourgeons (bhutis) et de fleurs.
Le brocard est tissé sur un grand métier, parfois plusieurs tisserands travaillent sur le métier. Traditionnellement le motif du brocard était dessiné sur papier, puis un expert, appelé naksha bandha transposait le motif en fils sur un naksha (modèle, un appareil à fils comme pour le jaquard). Les nakshas bandhis de Varanasi étaient si experts qu’ils liaient les motifs des autres centres de brocards, à Surat (Gujrat) et à Chandheri (Madhya Pradesh). Aujourd’hui le naksha est largement remplacé par le jaquard.
Le tisserand de Varanasi, après avoir absorbé l’essence d’un motif utilisé sa propre interprétation et crée un motif adapté au tissage. Le tisserand de Varanasi n’aime pas la monotonie des motifs persans, il apporte d’innombrables variations à un seul motif. Le Latifa Bhutti est une adaptation du tisserand Latif Mia, lequel avec des courbes fait balancer la plante au vent, avec un effet d’ondulation dans le tissage.
Le Nord de l’Inde très densément peuplé a une tradition textile riche, mais la population locale ne demande pas autant de textiles tissés main que les habitants de l’Ouest de l’Inde. La demande en saris Banarasi, ces célèbres saris en brocard de Varanasi, s’est fortement réduite. Il était impensable de ne pas avoir un sari Banarasi dans un trousseau de mariage. Mais les indiennes portent de moins en moins le sari et le tissage industriel supplante largement le tissage main, beaucoup plus coûteux .
Les 150 000 tisserands de Varanasi, à l’image du motif de Latifa Bhutti, ondulent comme un roseau sous le vent de la modernité, ils résistent comme ils peuvent. Le savoir-faire millénaire qu’ils possèdent est sérieusement menacé lorsqu’ils doivent se tourner vers un autre gagne-pain. Alors s’il faut choisir une écharpe homme, pourquoi ne pas la choisir éthique, splendide, originale, humaine. Entre celui qui la porte, et celui qui l’a réalisée, un lien de solidarité humaine se tisse. Ces écharpes homme font partie de la collection des tissus de l’Inde chez Tiraz ou sur le site www.tirazi.com.
Si les ghatts sont réservés aux rituels hindous, aux crémations, la vieille ville aux étroites ruelles abrite les ateliers des tisserands, qui sont musulmans, dont une communauté de tisserands soufis. Le souvenir du poète tisserand Kabir est présent. Les deux principaux centres de tissages, Madanpura et Alaipura, simplement éloignés de quelques kilomètres, ont leurs styles, leurs motifs respectifs.
Le travail de Madanpura est traditionnel, avec des motifs et des nuances de couleurs très sophistiquées. Les tissages sont réalisés sur des matières légères et transparentes. Ce sont en particulier des saris en coton fins, jamdani, organza, tissue. Les motifs peuvent être ceux de la mangue verte stylisée (motif appelé kairi konya) et le motif circulaire au centre, la lune (motif chand). Le fond du textile est soit en forme de jhalli (grillage) avec des losanges, des diagonales, ou des motifs floraux, fleurs ou petits bourgeons appelés bhuttis. La matière très légère et transparente associée à une technique de tissage très fine donne une impression de réversibilité dans le tissage, sur les deux faces. Les turbans de la cour des empereurs Moghuls et des autres Maharajas et Princes de l’Inde étaient tissés à Varanasi.
Le style de tissage Jamdani a été introduit par les Nawabs (Princes) de l’Oudh à la fin du 18 è siècle. C’est un textile très fin et délicat, au processus de tissage complexe, où le motif est intriqué dans le tissage, dans le même matériau que la base, ce qui rend par exemple du motif blanc sur du blanc, à peine discernable sauf s’il est vu de près. Du fil d’or et d’argent peut aussi être utilisé dans le Jamdani.
Le travail à Alaipura est différent, plus novateur parfois. Là se produisent les brocards lourds, destinées à l’ameublement. Ils utilisent les techniques de brocards des autres régions et se prêtent aux nouvelles expériences. C’est ainsi que le brocard de Varanasi a survécu malgré les changements de mode et la réduction de la demande en motifs traditionnels. Les tisserands d’Alaipura ont même réussi à maintenir des techniques disparues des autres régions.
La Compagnie des Indes (East India Company) arriva à Varanasi en 1764 et prit en main l’administration.Varanasi devint le refuge des riches marchands et des familles nobles qui fuyaient les troubles de la période post-moghule dans le nord de l’Inde. C’est sous leur patronage que prospéra le Brocard de Banaras (Varanasi).
La célèbre technique du Kinkhab (terme persan) est le tissage d’une soie rude, appelée mukta, suffisamment épaisse pour supporter d’être tissée avec du fil d’or et d’argent, cette technique de tissage était pratiquée également e d’autres lieux. Ahmedabad, Surat, Paithan, Aurangabad. Le kinkhab était utilisé pour l’ameublement, localement, mais il était aussi exporté vers l’Europe.
Les brocards et zaris tissés dans des matières plus légères et moins lourdement ornées sont connues sous le nom de pot-than ou bafta. Les brocards sans aucun fil de métal sont appelés amaru.
Le brocard de Varanasi révèle les sensibilités esthétiques de l’artisan. Un brocard de Varanasi se reconnaît aux bonnes combinaisons de couleurs, à l’utilisation du fil zari or et argent, à la disposition adéquate des bordures et du fond des bourgeons (bhutis) et de fleurs.
Le brocard est tissé sur un grand métier, parfois plusieurs tisserands travaillent sur le métier. Traditionnellement le motif du brocard était dessiné sur papier, puis un expert, appelé naksha bandha transposait le motif en fils sur un naksha (modèle, un appareil à fils comme pour le jaquard). Les nakshas bandhis de Varanasi étaient si experts qu’ils liaient les motifs des autres centres de brocards, à Surat (Gujrat) et à Chandheri (Madhya Pradesh). Aujourd’hui le naksha est largement remplacé par le jaquard.
Le tisserand de Varanasi, après avoir absorbé l’essence d’un motif utilisé sa propre interprétation et crée un motif adapté au tissage. Le tisserand de Varanasi n’aime pas la monotonie des motifs persans, il apporte d’innombrables variations à un seul motif. Le Latifa Bhutti est une adaptation du tisserand Latif Mia, lequel avec des courbes fait balancer la plante au vent, avec un effet d’ondulation dans le tissage.
Le Nord de l’Inde très densément peuplé a une tradition textile riche, mais la population locale ne demande pas autant de textiles tissés main que les habitants de l’Ouest de l’Inde. La demande en saris Banarasi, ces célèbres saris en brocard de Varanasi, s’est fortement réduite. Il était impensable de ne pas avoir un sari Banarasi dans un trousseau de mariage. Mais les indiennes portent de moins en moins le sari et le tissage industriel supplante largement le tissage main, beaucoup plus coûteux .
Les 150 000 tisserands de Varanasi, à l’image du motif de Latifa Bhutti, ondulent comme un roseau sous le vent de la modernité, ils résistent comme ils peuvent. Le savoir-faire millénaire qu’ils possèdent est sérieusement menacé lorsqu’ils doivent se tourner vers un autre gagne-pain. Alors s’il faut choisir une écharpe homme, pourquoi ne pas la choisir éthique, splendide, originale, humaine. Entre celui qui la porte, et celui qui l’a réalisée, un lien de solidarité humaine se tisse. Ces écharpes homme font partie de la collection des tissus de l’Inde chez Tiraz ou sur le site www.tirazi.com.






